À une table du fond de la salle (Libre)

Lena était bien attablée devant une salade de thon et un verre d'Hydromel. La neige tombait en gros flocons sur Pré-au-Lard et il y avait très peu d'élèves dans les rues. Par contre, le corps professoral au complet semblait faire ses courses de Noël aujourd'hui, vu le nombre d'adultes qui se promenait dans les minces rues.

La jeune professeur contempla la clientèle des Trois Balais. Il y avait quelques groupes d'amis qui rigolaient et, bien entendu, quelques couples qui prenaient l'après-midi pour se coller et se bécoter. Elle prit une bouchée de sa salade qui sembla passer de travers. Par bonheur, elle n'avait pas choisi l'établissement de Madame Piedodu pour prendre son lunch.

Par le passé, elle avait refusé de sortir avec tant de garçons ! C'était simple pour elle, sa priorité allait à l'étude et à l'obtention d'un poste régulier. Elle n'aurait pas pu avoir une relation stable avec tous les voyages qu'elle a fait. De plus, c'était ici, à Poudlard qu'elle se sentait le mieux, et pas ailleurs.

Elle se sentait très seule. Son incroyable beauté n'avait fait que lui nuire, les garçons ne prenaient pas le temps de savoir qui elle était au fond, ses longs cheveux blonds, sa taille mince et élancée et ses grands yeux bleus avaient fait le travail de séduction à sa place.... mais ce n'était que du superficiel, elle souhaitait tant qu'un homme s'intéresse à elle pour de vrai....

À cette pensée, ses yeux s'embrumèrent légèrement, et elle prit une pile de copies de son sac, s'empressant de corriger les devoirs pour la distraire de son infinie solitude.

Noel approchait, Allen n'avait pas de cadeaux à acheter évidemment, mais il se promenait dans les rues de Pré-au-Lard pur se détendre, et réfléchir, laissant à Domenico le soin de surveiller l'école. Cet Auror de méditerranée était quelque peu stupide, pensait Allen.
La neige ne tombait pas ce jour là, mais les rues étaient bondées de monde. L'auror Blanc voyait essentiellement des professeurs ou des membres pédagogiques de Poudlard. L'air était assez frais et les Trois Balais n'étaient pas loin.

Allen s'y dirigea donc et entra rapidement pour ne pas laisser le vent glacial entrer. Cela l'esquiva de quelques critiques des personnes se plaignant du froid. Il se fraya difficilement un chemin jusqu'au bar pour commander un Whisky pur feu, qu'on lui servit de longues minutes après. Il s'empara de son verre et poussa sans s'excuser les personnes entassées autour du comptoir pour aller se mettre à une table.
Malheureusement, toutes les tables étaient occupées, il fallait donc trouver une connaissance pour s'assoir à sa table.

* C'est mesquin de profiter de la bonté des gens... Mais ça vaut le coup ! * pensa Allen.

Aucun visage ne lui était familier, si ce n'est une jeune femme assise sur à la table du coin. C'était le professeur de Défense contre les forces du Mal. Une femme ravissante que l'Auror avait aperçu quelques fois dans le parc. Sa chevelure blonde claire et ses yeux d'un bleu magnifique pouvait charmé n'importe quel homme. Mais Allen ne cessait de songer au professeur de métamorphose avec qui il avait pris des cours d'Animagi. C'était stupide, car Allen pensait que ses chances étaient bien maigres.

Il avança alors vers le jeune professeur qui commençait à corriger des copies. L'auror se demandait s'il devait prendre la peine de la déranger ou pas. Il se racla maladroitement la gorge, sans le faire exprès. La maladresse était son principal défaut, mais ça pouvait aussi être son charme.

- Excusez-moi... puis-je m'assoir à vos côtés ? Les gens aux alentours sont bien trop bruyants pour que je les accompagne. Je suis Allen, l'Auror qui vit vers la forêt interdite. Si vous le souhaitez je peux vous laisser corriger vos copies, je me doute que ce ne doit pas être amusant de discuter en travaillant.

* Tu parles trop, idiot ! *

(vraiment désolée du temps que ma réponse a prit pour arriver, j'ai eu des petits problèmes de santé, navrée)

Lena releva lentement les yeux de sa dernière copie lorsqu'elle entendit une voix qu'elle avait déjà entendue avant, lui sembla-t-elle. Elle rencontra le regard d'un jeune homme, à peine plus vieux qu'elle, qu'elle avait déjà croisé lors de ses nombreuses promenades dans le parc. Il y avait quelque chose dans son regard d'absolument séduisant, mais elle savait déjà que sa collègue de métamorphose et lui passaient beaucoup de temps ensemble. Sur un ton qu'elle voulait naturel, elle lui répondit:

Mais., mais oui, vient t'assoir, j'ai pour ainsi dire terminé. Tu ne me déranges pas du tout, d'ailleurs, j'aimerais bien connaître de sédui... de charmantes personnes ici. Comme tu dois déjà le savoir, je suis nouvelle au château et, bien que ce poste me plaise énormément, je me sens assez seule et éloignée de ma famille.

Tu veux boire quelque chose ? Une bièraubeurre peut-être ?

À ces mots, elle chercha nerveusement sa bourse dans le pan de sa cape.

Eh bien, cette jeune femme était comme Allen. Elle aimait être ici, pour défendre et enseigner aux générations futures, mais la solitude est sa seule compagne. De charmantes personnes ? Le terme était mal choisi pour décrire Allen, de ce qu'il en pensait tout du moins.

Il s'assit alors face au professeur de Défense contre les Forces du Mal et la contemplait discrètement. Bien qu'elle fut magnifique, Allen n'arrivait pas à penser à autre chose que Willow et sa chevelure de feu. En fait, le jeune Auror avait l'air d'être apprécié de la gente féminine d'ici. Lena lui proposa une Bièraubeurre et commença à chercher quelque chose dans sa cape, sûrement de quoi payer.

- Laissez ! Je ne ferais pas bon gentleman si je laissais une jeune dame payer pour moi. C'est moi qui offre.

Il ne lui laissa pas le temps de rétorquer quoi que ce soit et demanda deux Bièraubeurres à la sublime servante. Ils furent rapidement servis.

- Je ne suis pas très ancien à ce château moi non plus, mais j'ai fait quelques rencontres très agréables. Les gens ici sont généralement ouverts à toute nouvelle rencontre alors ne soit pas timide. Surtout qu'en ces périodes de troubles, mieux vaut avoir quelques personnes pour nous épauler.

Il sortit quelques pièces de la poche de sa cape pour payer les boissons et continuait à fixer la jeune femme. Il sentait la beauté lui traverser l'esprit comme une flèche, mais pourtant, il n'arrivait pas à s'y intéresser, c'était une sensation très étrange.

Lena rougit un moment face à ce jeune homme qui lui offrait sa consommation. D'aussi loin qu'elle pouvait se le rappeler, aucun garçon ne lui avais payé un verre sans avoir des idées bien mal tournées derrière la tête... du moins, personne ne lui avait payé à boire pour le simple plaisir de discuter sans arrières pensées. Ce regard lui plaisait... Oui, il voulait la connaître au-delà de son apparence physique, c'était clair.

Un auror... Est-ce que son rêve se matérialisait ? Il était tout de ce qu'elle aurait pu rêver. Plutôt beau garçon, charmant, attentionné... Il n'était pas apeuré par son physique de malheur et il était résolument du bon côté... Non, elle ne pouvait tout simplement s'autoriser de telles pensées...

Car Lena le savait bien, le jeune homme qui était assis devant elle et qui la regardait comme si elle avait eu n'importe quelle apparence physique en pinçait pour la jolie rousse qui enseignait la métamorphose. Bien que la jeune professeur de Défense contre les Forces du Mal ne parlait pas beaucoup, elle savait très bien observer les comportements des autres et elle n'avait vraiment pas l'intention de s'interposer entre l'auror et sa flamme rousse... À moins que... se pourrait-il qu'elle se trompe et que ce ne soit qu'une simple amitié qui lient ces deux êtres ?

Merci vraiment pour la Bièraubeurre, c'est effectivement bien gentleman de votre part !

Elle fit une courte pause, prenant le temps de réfléchir à ce qu'il avait évoqué, les temps sombres...

Je suis bien de votre avis en ce qui concerne la solidarité durant ces temps plus sombres. J'ai d'ailleurs compris entre les branches que des employés de l'école seraient du..... mauvais côté. Quant à moi, vous avez mon appui total en ce qui concerne l'anéantissement des forces du mal, j'espère passionner suffisamment mes élèves pour en faire ressortir quelques futurs aurors c'est certain.

Maintenant qu'il avait parlé des relations créées avec les autres membres de cette école, c'était l'occasion idéale de tâter le terrain tout en finesse, comme Lena savait si bien le faire. Certes, elle ne parlait pas pour ne rien dire, mais lorsqu'elle bavardait, elle savait glisser ses propos avec diplomatie et subtilité.

J'ai tout comme vous remarqué que les gens ici étaient remarquablement ouverts et accueillants. Ça soit forcément être moi qui est très timide et plutôt introvertie. De plus, je me méfie de ceux qui pourraient avoir une tendance au mal. Bien entendu, avec vous, je n'ai pas de méfiance, vous êtes auror !! D'ailleurs, j'imagine que Willow doit être une très bonne personne avec qui je devrais moi-même m'allier vu la gentillesse dont elle semble irradier.

À ces mots, elle se frappa la tête intérieurement. Normalement si délicate, l'auror avait du la voir venir avec sa légère curiosité à propos de Willow... Elle n'aurait pas été plus subtile en arrivant sur le Chemin de Traverse à dos de Dragon Norvégien à Crètes.

Le discours de la jeune femme avait l'air vraiment sincère, mais la fin de sa tirade boulversa tout. Il afficha un regard étonné et interloqué. Pourquoi était-elle si curieuse de connaître Willow ? Les tendances paranoïaques de l'Auror reprirent le dessus, il se méfiait maintenant de la dame, prêt à esquiver le moindre geste suspect. Mais en même temps, le sorcier était flatté de plaire autant.

Il fit mine de ne pas avoir compris la subtilité, il répondit d'un ton naturel :

- Hé bien, je doute aussi que l'école soit rempli que d'honnêtes personnes, mais les malhonnêtes se fondent dans la masse. Vous avez raté le Bal d'Halloween, vous auriez eu les preuves approuvant vos hypothèses. Imaginez, des Mangemorts de tous les côtés, et que quelques personnes pour défendre les élèves. Ça a été horrible, mais ce n'est rien comparé à ce qu'il nous attend, si vous voulez mon avis.

Il s'arrêta pour boire une gorgée bien réchauffante de Bièraubeurre, le temps de laisser sa collègue réfléchir à ses paroles. Puis il enchaina, de façon à mettre les points sur les i rapidement, mais il fallait essayer de jouer la subtilité.

- Je suis moi-même très timide et les quelques personnes que je connais sont venu d'elle-même vers moi. Yoite, le vampire si aimable, m'a surpris dans la Salle sur Demande, et la jeune Moon Kaniga regardait curieusement ma cabane lorsque je l'ai surprise. Il n'y a que Mlle Sunrise avec qui j'ai du demandé un rendez-vous, pour des.. cours particuliers.

Il stoppa net, il ne voulait pas trop en dire sur ses intentions. Mais "cours particuliers" était une expression qui pouvait facilement porter à confusion. Allen rougit et prit une nouvelle gorgée de sa boisson. Il fallait maintenant mettre la jeune femme mal à l'aise.

- Mais je me demande pourquoi vous intéressez-vous tant à Mlle Sunrise ? J'en fais peut-être une description trop élogieuse, mais il y a beaucoup de personnes comme elle dans le château, seulement... elle a réussi à attirer mon attention.

Bingo ! C'était sûrement une réflexion qui pouvait être prise méchamment mais au moins il avait réussi à dire ce qu'il avait à dire. En espérant que Lena ne lui en voudrait pas d'une telle franchise.

Lena le regarda un long moment. Non, elle ne lui en voulait pas, ils venaient à peine de se rencontrer et de vraiment discuter. Par contre, empreinte d'une tristesse non feinte, ses yeux bleus comme les glaciers de son pays lointain perdirent leur étincelle et devinrent froids et gris comme le fond d'un étang gelé. Elle n'avait jamais su créer des liens, amicaux ou amoureux et tout semblait lui échapper dans le domaine des relations... vraiment, ce n'était pas sa tasse de thé. D'un ton qu'elle voulait léger, mais qui était plutôt teinté de malaise et de soubresauts à peine audibles, elle continua la conversation.

Alors, si c'est ce que vous souhaitez, je vous souhaite un bel avenir avec Mlle Sunrise. Je me demandais simplement si ça valait la peine de l'approcher et d'être son amie...

Ça y était, elle avait longtemps redouté ce moment, celui où elle se sentirait totalement désarmé face à son manque d'aptitude à avoir des relations autres que froides et strictement professionnelles. Pourtant, ce que l'Auror ne savait pas, c'est que la jeune professeur avait passé à deux doigts de devenir Auror elle-même. Elle avait obtenu tous les ASPICS nécessaires et elle avait réussi les examens du ministère avec les honneurs de l'examinateur. Mais, sa vie avait basculé lorsque sa soeur ainée était disparue au sein des forces du mal. Ça faisait déjà presque 5 ans...

D'un côté, elle avait juré fidélité aux forces du bien et à la protection d'autrui, mais de l'autre, elle était trop déstabilisée émotionnellement pour devenir Auror... de plus, le ministère en charge de l'approbation de son dossier avaient trouver un problème trop important pour l'approuver dans sa génétique. Elle continua donc la conversation, allant vers un sujet moins glissant.

Oui j'ai entendu parler de cette fameuse attaque au bal d'Halloween. J'aurais vraiment aimé y être pour défendre cette sublime école... Disons que j'aurais eu amplement les ressources suffisantes pour régler cette attaque sans trop de dégâts...

Une affirmation, dite plus tôt par son collègue la fit toutefois tiquer.

Un vampire, charmant vous dites ? Hmm, ce n'est pas un peu contradictoire de dire une telle chose pour un Auror ? Les vampires ont causé des pertes réellement importantes en vie humaines... vous croyez vraiment pouvoir faire confiance à de telles créatures en votre qualité d'Auror ?

Elle le fixa longuement, lui donnant là une chance de s'expliquer. Une vague méfiance s'empara d'elle. Elle redressa son corps mince, repoussa la très longue natte de cheveux si blonds et éclatant qui lui trainait sur l'épaule et se croisa les bras en attente d'une explication. Tout d'elle inspirait la froideur en cet instant précis, que ce soit la pâleur de sa peau parfaite et très blanche, ses yeux de glace ou la longue tresse de cheveux qui déferlait dans son dos musclé comme un avalanche de neige. Elle eut une soudaine pensée.

Pourvu qu'il ne découvre pas mon secret. Il ne le sait pas, mais tant que je n'en aurez pas décidé, il sera incapable de terminer cet entretient. Il ne voit peut-être pas ma beauté comme les autres hommes, mais il est incapable de détacher ses yeux de moi...

- Vous pouvez faire ce qu'il vous plait avec Mlle Sunrise, c'est une personne tout à fait agréable et intéressante. Du reste, je pense qu'elle aime faire de nouvelles connaissances, car elle-même pense que la solitude est le point faible principal en ce moment.

Il avait répondu rapidement et sèchement, non pas parce qu'il était contrarié des indiscrétions de la jeune dame envers lui et son amie. Mais plutôt parce qu'elle a remit en doute son sens de la confiance et a mentionné Yoite comme étant "une créature".

Yoite est un ami depuis assez longtemps pour que je puisse savoir s'il est digne de confiance ou pas. Ne remettez ni mon sens de la confiance ni mes talents d'Auror en doute, professeur. Croyez-vous que nos appartenances devraient nous obliger à rester fermer sur des préjugés ?

La réflexion de Mlle Holopainen avait beaucoup vexé Allen. Il parlait d'une voix froide et distante, comme il avait rarement l'habitude de faire. Son ton ressemblait à s'y méprendre à celui du professeur McGonagall lorsqu'elle était offensée.
Il n'arrivait pas à détacher son regard de la jeune femme. Ce visage pâle, froid, absent de toute émotion. C'était étrange. Il reprit son calme pour entamer une conversation sérieuse et qui ne risquerait pas de dégénérer.

Alors, professeur, vous plaisez-vous à Poudlard ? Les élèves sont fort sympathiques mais le métier de professeur et de directeur de maison doit être fort éprouvant.

Il ne parlait pas des Poufsouffles, car étant un ancien Gryffondor, les aprioris sur les Blaireaux n'étaient pas des plus satisfaisant. Ils étaient considérés comme les cancres de l'école, envoyés dans cette maison pour être avec les autres cancres.