A l'heure où j'écris, la nuit a depeint son tableau sombre et immobile sous l'oeil unique de la lune. Le chant des grillons emplit l'air d'une douceur insoupçonnée et la brise siffle sous les portes tel un spectre mécontent d'être ignoré. Un chien aboie dans le lointain, simple rumeure s'ajoutant à toutes les autres. Les murmures des feuilles qui se frolent et se caressent ressemble à celui des vagues qui viennent s'échouer sur le sable un moment pour repartir presque aussitôt. C'est hypnotisant, envoutant et je pourrais rester là des heures entières à simplement écouter la nuit chanter. Autant les beautés du jours m'emplissent d'une euphorie impossible à contenir, autant la nuit m'apporte le calme, la douceur et la paix dans l'âme et dans l'esprit.
Un papillon de nuit est entré par la fenêtre. Il cogne courageusement contre le carreau pour ressortir, se heurtant à un mur invisible, lisse et froid. Une éphémère merveille de la nature qui ne vivra que le temps qu'un peintre en dépeigne la nature farouche et sauvage. Ce qui fait qu'une chose est belle n'est pas tant son aspect exterieur. Non. C'est la fugacité du moment qu'elle laisse imprimé sur nos rétines. Les choses qui sont condamnées à mourir, à disparaitres, sont les plus belles de toutes car elles ont cela de précieux qui fini toujours par nous échaper, comme de l'eau que l'on capture entre nos mains sérées mais qui, si fort qu'on les joigne, s'échape toujours, quoi qu'il advienne. L'éternité n'est rien d'autre qu'une suite illogique d'évenements fugaces dont on ne peut que savourer l'instant. Mais comment savourer quelque chose qui ne fini jamais. Car il est de la nature de l'être humain de se lasser de tout. Schopenhauer a dit un jour "La vie oscille comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui". Je commence à comprendre où il voulait en venir. Nous passons nos vie à désirer quantitées de choses qui, sitôt en notre possession, n'ont plus aucun interet à nos yeux. Car ce qui interesse le plus l'homme, ce qu'il convoite plus que tout, et ce qui le fait le plus rêver, et le plus souffrir, c'est ce qu'il ne pourra jamais obtenir. Voyez, moi. Bien des hommes sont morts pour obtenir l'immortalité. Mais à présent que je l'ai, elle n'a pour moi pas plus de valeur qu'un lourd fardeau qu'il me faut porter. On ne chéri que ce que l'on n'a pas, et on s'apperçoit toujours trop tard que, finalement, la chose qui nous tenait le plus à coeur, nous le possedions déja... Et souvent, les choses que l'on est susceptible d'apprécier sont celles qui nous tombent dessus sans crier gare et sans qu'on n'ai rien demandé ni voulu.
L'une de ces choses m'est tombée dessus. Je ne pensais pas... jamais je n'aurais soupçonné que mon esprit dérangé trouverait un jour son double parfais. Et pourtant, il semble bien que la passion et l'amour aient frappé à ma porte. Comme la pomme tombé de son arbre pour faire découvrir la gravité, Dursilla m'est tombé dessus sans prévenir. Et plus jamais je ne la laisserait repartir. C'est un sentiment bien étrange que celui de ne pouvoir plus vivre qu'à travers l'amour que l'on porte à une personne. Cette dépendance qui s'installe après seulement un batement de paupière. S'ennivrer de son parfum au point de ne plus se rendre compte des autres odeurs qui nous entourent. Ecouter le timbre envoutant de cette voix si parfaite qui ne commet jamais d'accroc et qui ressemble au chant d'un ange. Se plonger dans ces yeux pour y mourir de désir et d'envie. Coller sa peau contre la sienne comme pour s'y méler et ne faire plus qu'un avec cet être si parfais. Il parait que l'amour rend aveugle et sot. J'ai toujours eut une excelente vue, mais je dois bien avouer que depuis lors je ne vois plus qu'elle et le reste m'apparait floue, comme nappé de brouillard et de fumée. Car plus rien ne compte que son bonheur et sa joie. La faire sourire et rire est mon seul désir. Le reste n'est que poussière et cendre.