Quant au professeur Snape, la fumée commençait à sortir par ses oreilles et ses narines. Comme il ne pouvait s’exprimer, ses yeux parlaient pour lui. A voir la rougeur envahir le visage de Dumbledore, on pouvait penser que la télépathie était une nouvelle qualité snapienne. A moins que l’ancêtre n’ait abusé de la Légilimencie… En tout cas, il reprit rapidement contenance et poursuivit :
- Les candidates devront appartenir ou avoir appartenu un moment ou un autre de leur vie, à la prestigieuse école de sorcellerie qu’est notre chère Poudlard. L’inscription ne sera que de deux mornilles afin de n’écarter personne. Nous vendrons les droits de retransmissions à la RITM (Radio Indépendante à Transmission Magique) ainsi que l’exclusivité des interviews et photographies. Les curieux pourront venir assister au concours, l’entrée sera gratuite. Mais les consommations de bièraubeurres et autres boissons et mangeailles seront payantes.
Toutes les sorciers et sorcières pourront voter également pour leur favorite. Il suffira pour cela d’envoyer un hibou à Poudlard. Hibou payant bien sûr. Ainsi, l’école rentrera dans ses fonds, réalisera des profits colossaux, je prendrai ma retraite, détournerai la caisse au passage et rachèterai la boutique d’Honeydukes, s’enflamma rapidement le vieil illuminé.
— Qui va arbitrer cette compétition ? demanda Mme Bibine.
— J’avais pensé demander à Sainte-Mangouste de nous prêter Gilderoy Lockard pour l’occasion. Sa prestance, son élocution… regard lourdement appuyé auprès d’un professeur tout de noir vêtu… et pour tout dire sa notoriété et son narcissisme feront l’affaire.
— Et la récompense ? minauda Ombrage.
— Le joli ruban et le diadème ornant sa chevelure, ainsi que notre reconnaissance d’avoir sorti Poudlard du désastre. Et que dire de l’immense honneur d’être élue la plus belle sorcière de l’année ! répondit Dumbledore qui n’avait pas envisagé trois secondes auparavant la nécessité de ce détail.
Bien entendu, enchaîna-t-il, aucun recours à la magie pour embellir les charmes des concurrentes ne sera accepté. Des contre-sorts seront mis en place sur l’estrade… j’en chargerai Alastor… Il y fera merveille.
Je pense avoir été assez explicite, conclua Dumbledore sans tenir compte de la mine défaite de ses enseignants. Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, le devoir nous attend. A nos confiseries et haut les cœurs !
- Haut le cœur plutôt, s’il rajoute quoi que ce soit, ronchonna Snape, fortement approuvé pour la première fois de l’année par Mac Gonagall.
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« Chères Mesdames, charmantes Demoiselles et messieurs, c’est un grand honneur pour moi de vous accueillir au sein de ce prestigieux lieu du savoir et de la connaissance où j’ai eu l’honneur d’enseigner avec brio. Nous sommes toutes et tous réunis en cette belle journée pour le premier concours de beauté de tous les temps ! Depuis les mille ans d’existence de cet inestimable institut, nous allons assister pour la première fois à l’élection de Miss Poudlard !. !. !. ! hurla Lockard, oubliant que le sort de Sonorus rendait tout cri inutile. »
Les sorciers et sorcières du troisième âge assis aux premiers rangs éteignirent précipitamment leur sonotone avant de perdre le peu d’audition qu’il leur restait. Le bonnet de Dumbledore fut emporté et la chevelure sombre de Snape décoiffée par le souffle du stentor d’asile perché sur ses talons mauves de onze centimètres de haut. Il ne voulait pas passer pour le moucheron au milieu de toutes ses beautés ! Il aurait bien concouru lui-même, mais son psychomage le lui avait fortement déconseillé. Trop dangereux pour les gonflages intempestifs de boîtes craniennes et de chevilles….
Il s’était donc résigné à accepter le rôle de présentateur… Sans savoir ce qui l’attendait réellement. Le premier choc eu lieu dans les dix minutes qui suivirent… S’il avait su, il aurait gardé sa camisole et enfilé par-dessus un sac poubelle. Il n’aurait pas gâché se plus belle chemise rose bonbon (en l’honneur de ce bon vieux Dumbledore).
Pour l’occasion, le terrain de quidditch avait été équipé d’une longue estrade en T . En contrebas, juste devant l’estrade, était dressée la table des juges. Dumbledore et Scrimgeour discutaient affablement en lisant la liste des candidates ; quelques rires gras ponctuaient parfois leur propos.
Les bras croisés, la feuille retournée montrant clairement son désaccord, était planté le professeur Snape, raide comme…. enfin raide jusque dans le port de sa tête. Son regard était armé pour déstabiliser toutes les candidates, quelle qu’elles soient, les unes après les autres… On aurait pu le surnommer Gatlline Snape ! (3)
De l’autre côté des barbes blanches, Minerva avait exactement la même attitude que son collègue… Elle affûtait sa craie, bien décidée à coller 0 sur 0 à toutes les candidates sans exception, battant ainsi son collègue dans la partialité pour la première fois depuis la nomination de ce dernier. Dumbledore avait refusé vingt-quatre fois durant le mois, sa candidature malgré sa promesse de laisser au placard son maillot de bain en vinyle noir et lacets rouges, ainsi que ses cuissardes et bas résilles. Elle ne décolérait pas.
Puis venait en vrac, Flitwick pépiant à qui mieux mieux, perché sur l’escabeau qu’il avait piqué dans la réserve de Snape, Remus baillant encore de la dernière pleine lune, deux jours auparavant. Il aurait bien piqué un petit roupillon mais Nymphadora lui avait soit disant réservé une surprise… S’il ne voulait pas qu’elle lui fasse la gueule jusqu’au Noël prochain, il n’avait pas intérêt de dormir au moment de son passage.
Le professeur Binns flottait entre deux sièges, répétant en boucle son prochain court sur la révolte des Gobelins du Loch Kteu en l’an mille. L’ardoise qu’il avait en main ne serait guère utilisé.
Marchant de long en large tel un lion en cage, Alastor Maugrey allait et venait le long de l’estrade. Son dernier stage au Japon n’avait pas arrangé son comportement. Il faisait des mouvements étranges et amples, tenant de la prière et de la pantomime. Il débitait des propos surprenants. Il avait soutenu devant Trelawney que la vérité était ailleurs et à MacGonagall qui n’en croyait pas ses oreilles, que la cuillère ne se transformait pas en oiseau, car tout simplement la cuillère n’existait pas. Mais c’était quand il avait voulu piquer la baguette de Dumbledore pour manger son riz, que le président directeur général de l’Ordre du Phénix avait mis les holàs .
Dans le public, nous retrouvions des groupes divers, diversement colorés, jaunes, rouges, verts, bleus diversement équipés, dont les multiplettes pour mieux voir les candidates et rejouer leur démarche langoureuse… ou leur chute dévoilant leur petite culotte espéraient davantage les jumeaux Weasley… Mais à ce moment, la foule se mit à siffler tandis que retentissait l’hymne de Poudlard et qu’apparaissaient les premières concurrentes.
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Rusard venait juste de finir de déblayer pour la 34° fois l’estrade, Gilderoy avait changé sa 15° chemise. Il avait depuis longtemps abandonné l’espoir de garder ses superbes chaussures réhausseuses couleur lilas (of course parce que couleur pissenlit… ça le fait beaucoup moins quand même) après qu’il eut glissé trois fois sur les bananes légèrement trop mûres lancées aux concurrentes légèrement …. trop mûres elles-aussi.
Il était tombé par terre, par la faute à ce BBBIIIPPPP (Nda : Nous sommes dans l’incapacité momentanée… j’espère… d’insulter ou nommer de façon insultante le vi…. Directeur de cette noble école pour cause de menaces sur l’apparence physique irréprochable de l’auteuse). Avait-on idée de laisser se présenter de telles …….choses à un concours de Beauté ! Le niveau de sélection était trop bas…Deux mornilles seulement ! Nombreuses étaient celles qui s’étaient laissées convaincre de concourir alors que l’unique but de leurs supporters étaient de se payer une bonne tranche de rigolade à leur apparition. Jamais la vente des légumes et fruits périmées n’avait été aussi florissante. Les multiplettes avaient enregistrées maintes chutes, maintes tomates écrasées sur des nez, maintes fuites inondées par des crises de larmes. Ce n’était plus un concours de beauté mais un jeu de massacre. A tel point que Dumbledore avait dû intervenir pour que les dernières concurrentes acceptent de défiler.
Mais l’heure était grave…. Les professeurs se présentaient au public. La réputation de Poudlard était en jeu. Que dis-je, de la réputation ! De l’avenir, des bénéfices, et par-dessus tout, de l’approvisionnement en sucreries diverses. C’est pourquoi l’air habituellement bonasse de ce cher directeur avait perdu toute béatitude. Son front était barré par la ligne menaçante de ses sourcils surmontant ses lunettes en demi-lune. Il ne présentait pas les concurrentes, il ne les conduisait pas en leur tendant le bras. Non. Il menaçait clairement quiconque se placerait entre lui et la confiserie de ses rêves, sorciers, sorcières, hybrides et auteuse compris.
C’est ainsi que la première partie du défilé put s’achever avec l’écrémage de plus de sept candidates sur dix. Etrangement, elles étaient très équitablement réparties. Trois personnes restaient en lisses parmi les élèves de Serpentard, Poufsouffle, Serdaigle, Gryffondor, ainsi que parmi les plus ou moins anciennes de l’école, les antiquités ayant été mises au placard…. et…. les professeurs. Malgré les élixirs de nerfcalm que prenaient Lockard, il suait à grosses gouttes en songeant à ce qui allait bien pouvoir se produire maintenant. La deuxième épreuve allaient commencer : le défilé en maillot de bain, qui pouvait être éliminatoire également. Il ne se trouva absolument pas rassuré par le sourire sardonique de l’auteuse. Cette dernière imaginait avec moult délectations les tenues des survivantes à la guerre de l’estrade tomatisée…
Pendant l’entracte durant lequel toutes se préparaient, les spectateurs consommaient, Dumbledore comptaient les profits, Maugrey Fol-Œil avait dressé un mur invisible anti-projection juste derrière le jury. Ainsi, ni eux ni l’estrade ne risquaient plus rien. Et c’est légèrement rassuré que Gilderoy plaqua sur son visage poupin le sourire vice champion au concours de Gaywitch, et annonça la reprise du jeu de mass…. des réjouissances.
Il ne devait en rester qu’une !
La première pensée qui vint à l’esprit de l’ensemble des personnes présentes fut : « Par Merlin, pourvu que l’estrade soit renforcée… ». Ombrage, suivie des autres professeurs venait de se présenter sur la musique jazzy du défilé (4). Elle accapara les regards comme la largeur de la tribune. Un silence de mort, durant lequel le fantôme de la mouche à troll tuée par Snape se fit entendre, poursuivie par Peeves….Tout le monde semblait atterré... non, écrasé par son apparition. Imaginez un des hippopotames du film Fantasia (de Walt Disney) équipé d’un m‘gnifique maillot de bain une pièce (Nda : ouf ! vous avez évité le pire !) entièrement vert et agrémenté d’un petit volant de même couleur. Lorsqu’on arrivait à décrocher son regard de la masse pour dévisager l’être responsable de ce choc, la perte neuronique s’aggravait : le faciès de crapaud était surmonté d’un bonnet de bain, également vert pistache, garni de grosses fleurs en plastique… On aurait cru le crapaud sortir de sa mare et le jury s’empressa de lever leur ardoise comportant toutes un zéro pointé, avant qu’elle ne se mette à coasser. Il faut dire qu’elle n’avait réussi à passer la première épreuve que par promesses sucrées et présence du distingué vieillard brandissant sa baguette…
Une de moins.
Sibylle la suivait. On ne l’avait pas aperçue derrière le rempart ombragesque qui l’avait précédée. On n’avait rien loupé… Elle flottait dans un maillot trop grand pour elle, orné de lambeaux de morceaux de tissus multicolores, comme si des algues pendant le long d’une vieille carpe desséchée. Elle avait poussée le mimétisme jusqu’à ouvrir la bouche et porter d’épaisses lunettes noires. A rester enfermer, volets clos et rideaux tirés (que les rideaux… pas elle, les prétendants se faisant de plus en plus rares), dans son antre enfumé, ses yeux s’étaient désaccoutumés à la luminosité. Et c’est un vieille chouette à moitié aveugle qui loupa la fin de l’estrade pour venir s’avachir sur les membres du jury. Mais ne rêvez pas ! Lorsque je parle de « membres du jury », je pense qu’aux personnes et non à une partie de leur anatomie. Et pourtant je devrais puisque c’est sur Sev principalement que Sibylle chuta. Sans la présence de Dumbledore, il l’aurait bien avadakedavrarisée sur l’heure. Pas de sorts impardonnables en public, pensa-t-il à temps. Le jury aurait préféré utilisé les ardoises pour lui taper dessus plutôt que lui coller le zéro qu’elle méritait.
Deux de moins.
Arrivait enfin le professeur Bibine. Son activité sportive lui avait permis de conserver une silhouette harmonieuse, malgré les longs entraînements à la bierraubeurre durant les troisièmes mi-temps. Elle était perchée à califourchon sur son balai, volant quelques centimètres au-dessus de l’estrade. Quelques sifflets flatteurs s’élevèrent du public. Des amateurs de quidditch sans doute. Par contre, le jury eut du mal à cacher son dégoût… Snape enfila prestement les grosses lunettes noires que Trelawney avait laissé lors de sa chute, pour fuir le spectacle. Ce que le public éloigné ne pouvait remarquer, c’était le regrettable oubli. Peu importait l’élégance du maillot et du maquillage… ou plutôt… le maillot avait été oublié. Non, lecteurs obsédés, Mme Bibine n’avait pas oublié qu’il ne s’agissait pas de l’élection de Miss Nakedwitch. Elle avait juste omis de pense à l’épilation de SON maillot, et ce, certainement depuis de nombreuses années. La toison surabondante dépassant de chaque côté focalisait les regards de Dumbledore et consorts, sauf Sev qui ne voyait plus rien. Les zéros unanimes du jury provoquèrent quelques remous dans le public, vite matés par l’apparition de Maugrey exécutant le figure du héron-niquant-sur-une-jambe apprise au Japon. Mme Bibine s’en alla comme elle était venue, le balai entre les jambes, déçue.
Aucun des professeurs n’avaient réussi à dépasser cette deuxième épreuve.
Qu’allait-il advenir des autres concurrentes ? Qui sera élue Miss Poudlard ? Dumbledore réussira-t-il à détourner l’argent récolté ? Comment fait-il pour tenir sans bonbons au citron ? Vous le saurez en lisant le deuxième chapitre de ce two-shot…. Ça y est c’est décidé !
* S’enfuit à toute vitesse poursuivie par la meute des persos en furie, surtout ceux qui allaient devoir attendre en maillot de bain au mois de décembre qu’elle reprenne son clavier.*